Festival Jazz In Marciac
L’Astrada, le bonheur est dans le près
Edito d'Alex Dutilh
À Marciac, la musique des quatre saisons n’est pas signée Vivaldi, mais L’Astrada. Un bijou d’acoustique boisée. Une salle de 500 places qui prolonge le festival à l’automne, fait chauffer le swing en hiver et annonce la suite au printemps.
Longtemps, la cigale du festival n’aura chanté que l’été. Et puis un premier miracle vit le jour, un collège, un cas unique, accueillant des élèves venus de toute la France suivre les ateliers d’initiation à la musique de jazz. Et depuis 2011, le festival enfonce le clou et fait des ricochets tout au long de l’année. Car c’est un magnifique projet culturel en milieu rural qui a vu le jour avec L’Astrada. Imaginatif, ambitieux, exigeant, généreux. Au pays des mousquetaires, c’est non seulement « Un pour tous, tous pour un », mais désormais le « Yes, we can ! » emprunté à la terre natale du jazz. Pour autant, ce qui s’appelle un « projet culturel de territoire » ne se contente pas de proposer une programmation de concerts et de spectacles de grande qualité. Certes sur la trentaine de spectacles de la saison le jazz est prioritaire, mais on y retrouve également des rendez-vous chanson, classique, musiques du monde, théâtre, danse, cirque ou humour. mais intègre aussi un volet création, avec des résidences d’artistes, mais aussi des stages de formation professionnelle, des actions vers le jeune public et un soutien à la filière jazz de la région Occitanie.
C’est ainsi que l’Astrada prolonge l’idée fondatrice du festival : partager le plaisir des découvertes, créer des liens féconds entre les artistes et les publics, susciter l’appétit de transmission… Pas de hasard, puisque L’Astrada (la Destinée, en occitan), est née de la volonté de l’association Jazz in Marciac, celle qui fut à l’origine du festival en 1978. Depuis 2018 L’Astrada est devenue un Établissement Public de Coopération Culturelle (EPCC). Un outil d’intérêt général en pleine zone rurale, là où on se désole d’ordinaire de voir s’éloigner les services publics les uns après les autres. Voilà une sacrée bonne nouvelle si elle s’accompagne des moyens nécessaires. On savait que dans le Gers le bonheur est dans le pré, voilà qu’il est aussi dans le « près », dans une culture de proximité.
Depuis son ouverture en 2011, l’Astrada est totalement partie prenante du festival. En complément du festival Bis qui propose des concerts gratuits sur la place centrale et au bord du lac et des soirées du chapiteau qui rassemblent près de 7000 spectateurs chaque soir, L’Astrada propose un cadre plus intime. À 500 places, même au dernier rang on n’est pas loin, les propositions artistiques – deux groupes successifs chaque soir - sont volontiers orientées sur la découverte ou des artistes requérant des conditions acoustiques idéales (ce sont les musiciens qui le disent). [...]
Alex Dutilh